Une mobilisation électorale en berne malgré les enjeux municipaux
Les élections municipales de 2025 à Montréal ont une fois de plus révélé un désintérêt marqué des électeurs. Selon Élections Montréal, le taux de participation s’élèverait à environ 37,5%, un niveau inférieur à celui de 2021 (38,3%). Cette tendance confirme une désaffection croissante envers la politique municipale, malgré les nombreux enjeux locaux.
Pour retrouver un taux de participation aussi faible, il faut remonter à 2005, juste après les défusions municipales. Pire encore, la métropole n’avait pas connu un tel désengagement depuis 1966, où seulement 31% des Montréalais s’étaient déplacés aux urnes.
Des causes multiples : apathie politique et contexte social
« C’est très, très bas », déplore André Blais, politologue à l’Université de Montréal. Selon lui, l’absence d’un leader charismatique ou d’une opposition marquée a contribué à ce désintérêt. La grève de Postes Canada aurait aussi freiné certains électeurs, notamment ceux qui dépendent des communications postales pour obtenir les informations nécessaires au vote.
Les perturbations liées à la grève de la Société de transport de Montréal (STM) ont également pu compliquer les déplacements le jour du scrutin, bien qu’aucun lien direct n’ait été officiellement établi.
Longueuil et les autres villes de la Rive-Sud : tendance similaire
À Longueuil, le taux de participation a lui aussi reculé, passant de 34% en 2021 à 32,5% cette année. Une évolution qui témoigne d’une désaffection plus large à l’échelle régionale, et qui soulève des questions sur la motivation citoyenne envers les instances locales.
Des électeurs motivés malgré tout
Malgré la faible affluence, certains Montréalais ont tenu à accomplir leur devoir civique. Au Centre St-Pierre, près du métro Beaudry, Jen Tsui expliquait voter pour que « les besoins quotidiens des citoyens soient réellement pris en compte », citant les enjeux d’itinérance et de transport comme déterminants.
D’autres, comme Alexandre Beaulieu, propriétaire d’un salon de coiffure, ont été convaincus par le porte-à-porte. « La sécurité et l’itinérance, ce sont mes priorités », disait-il, voyant dans ces élections un moment clé pour influencer la direction que prendra la ville.
Une nouvelle génération sensibilisée tôt à la démocratie
Plus de 50 000 jeunes âgés de 18 à 21 ans pouvaient voter pour la première fois à Montréal. Certains, accompagnés de leurs familles, ont participé à des activités éducatives comme le “Petit Bureau de vote”, permettant aux enfants de simuler un scrutin. Une initiative saluée par plusieurs parents comme un outil pour renforcer la culture démocratique dès le plus jeune âge.
Un signal d’alarme pour la démocratie municipale
Avec plus de 1,1 million d’électeurs inscrits et à peine plus d’un tiers s’étant déplacés, les élections municipales de 2025 tracent un constat préoccupant. L’engagement politique local semble s’essouffler, même dans une ville où les décisions municipales influencent directement le quotidien des citoyens — de la mobilité aux logements sociaux.
Les experts estiment que les autorités devront réfléchir à de nouvelles stratégies de participation, notamment par la vote électronique, la sensibilisation dans les écoles et une meilleure communication municipale entre les scrutins.
