Enquête – Le Fonds mondial pour la nature Canada publie son Rapport Planète Vivante 2025, dressant le portrait le plus sombre à ce jour de l’état de la biodiversité au pays. Les données révèlent un déclin moyen sans précédent des populations d’espèces suivies, avec une chute particulièrement alarmante dans les prairies (-62%) et les forêts (-42% pour les mammifères).Ce rapport, le plus complet jamais réalisé avec 5 099 relevés de 910 espèces vertébrées suivies depuis 1970, intervient à un moment crucial où les gouvernements assouplissent les réglementations environnementales. « C’est le signal d’alarme de la nature », alerte Megan Leslie, présidente-directrice générale du WWF-Canada, soulignant l’urgence d’agir avant que les tendances ne deviennent irréversibles.Notre analyse révèle que plus de la moitié (52%) des espèces étudiées connaissent une baisse d’abondance, toutes catégories confondues. Les espèces emblématiques comme le caribou, les chauves-souris et le harfang des neiges affichent des déclins préoccupants, tandis que certaines populations comme la loutre de mer résistent mieux.Le paradoxe est saisissant : alors que le Canada s’est engagé dans le Cadre de Kunming-Montréal à freiner la perte de biodiversité d’ici 2030, les nouvelles lois accélèrent au contraire les projets d’infrastructure au détriment des protections environnementales. James Snider, vice-président Science du WWF-Canada, met en garde contre cette contradiction dangereuse : « Plus nous tardons à réagir, plus le déclin s’accentuera. »Ce rapport soulève une question fondamentale : le Canada peut-il concilier développement économique et préservation de sa riche biodiversité ? Les cinq prochaines années seront déterminantes pour inverser une tendance qui s’inscrit dans un déclin constant depuis cinq décennies.
