Une succession complexe après la défaite électorale
Après huit années au pouvoir, Projet Montréal entame une période d’incertitude. La démission de Luc Rabouin, survenue dans la foulée de sa défaite face à Soraya Martinez Ferrada, laisse le parti fragilisé et sans leader. Avec seulement 35% des voix contre 43% pour la nouvelle mairesse de Montréal — première issue de l’immigration à diriger la métropole —, Rabouin a préféré se retirer, laissant un parti ébranlé par sa relégation à l’opposition.
Un parti affaibli par des divisions internes
Selon Danielle Pilette, professeure à l’UQAM spécialisée en gestion municipale, Projet Montréal est aujourd’hui « miné par des luttes internes » et « difficile à gérer ». La chercheuse estime que la tâche de rebâtir la formation progressiste s’annonce ardue. Justine McIntyre, ex-cheffe du parti Vrai changement pour Montréal, abonde dans le même sens : « Peu de gens voudront diriger un parti condamné à quatre ans dans l’opposition ».
Face à ce vide de leadership, le parti doit rapidement désigner un chef intérimaire pour représenter l’opposition à l’Hôtel de Ville.
Des noms pressentis pour l’intérim
Parmi les figures évoquées, la nouvelle mairesse du Plateau-Mont-Royal, Cathy Wong, attire l’attention. Ancienne conseillère de Peter McGill, ex-membre du clan Coderre avant de rejoindre l’équipe de Valérie Plante, elle possède une expérience politique solide. Toutefois, McIntyre et Pilette s’entendent pour dire que son profil pourrait diviser au sein du parti.
D’autres personnalités sont évoquées : Ericka Alneus, conseillère dans Rosemont–La Petite-Patrie, pourrait assumer l’intérim. Déjà candidate à la direction du parti par le passé, elle connaît les rouages internes, mais le défi reste colossal. « C’est un rôle épuisant, mais elle pourrait assurer la transition », estime McIntyre.
Des figures en retrait ou hors course
Plusieurs anciens visages du parti se tiennent désormais à l’écart. Gracia Kasoki Katahwa, arrivée deuxième lors de la précédente course à la chefferie, a été battue dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. Laurence Lavigne Lalonde, ex-mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, a confirmé ne pas vouloir revenir à la direction.
Quant à Vincent Marissal, député solidaire, dont le nom circule depuis plusieurs jours, il a fermé la porte : « Je n’irai pas ramasser ce qui reste de Projet Montréal », a-t-il déclaré au Journal de Montréal.
Vers une reconstruction lente mais nécessaire
Le futur leader de Projet Montréal héritera d’un parti affaibli mais encore fort de son réseau militant et de ses idées progressistes. McIntyre croit qu’un véritable travail de refondation est indispensable avant qu’une nouvelle figure de proue n’émerge, qu’elle provienne de l’interne ou de l’extérieur.
La désignation d’un chef intérimaire dans les prochaines semaines sera donc déterminante pour définir la trajectoire du parti dans l’opposition et sa capacité à revenir en force lors des prochaines élections municipales.
