Deux stratégies divergentes pour équilibrer le budget
Le chef de Projet Montréal, Luc Rabouin, mise sur de nouvelles taxes et un resserrement des dépenses pour financer ses engagements. De son côté, Soraya Martinez Ferrada, cheffe d’Ensemble Montréal, table sur l’élimination de 1000 postes à la Ville afin de dégager 320 millions de dollars de marge de manœuvre.
Ces cadres financiers, rendus publics à trois jours du vote par anticipation, illustrent deux philosophies diamétralement opposées pour atteindre un même objectif : redresser les finances municipales.
Les grandes lignes du plan Rabouin
Le plan de Projet Montréal prévoit 962 millions de dollars de dépenses d’ici 2029, presque entièrement concentrées sur les quatre prochaines années.
Luc Rabouin compte générer environ 800 millions de nouveaux revenus, notamment grâce à :
- Une taxe sur les logements vacants
- Une taxe sur les panneaux publicitaires
- Une contribution accrue de la taxe sur les stationnements extérieurs
- L’implantation de radars photo devant toutes les écoles primaires, prévue pour rapporter plus de 42 millions de dollars
Le parti prévoit également récupérer 205 millions par des mesures d’optimisation administrative et de performance organisationnelle.
Rabouin promet ainsi une approche prudente et progressive, axée sur les milieux de vie, les espaces verts et la mobilité durable. « On investit un peu dans tout, sans excès », résume la professeure Danielle Pilette de l’UQAM, qui qualifie le cadre du parti de « modeste mais cohérent ».
Les promesses ambitieuses de Martinez Ferrada
Le cadre financier d’Ensemble Montréal est plus ambitieux : 1,4 milliard de dollars d’investissements sont prévus, dont 746 millions à court terme (2026-2029) et 724 millions sur la période 2030-2035.
Les principaux engagements incluent :
- 110 millions pour moderniser les équipements du Service d’incendie de Montréal
- 100 millions pour réhabiliter le collecteur Langelier
- 80 millions pour tripler le financement des organismes communautaires en itinérance
À long terme, Martinez Ferrada propose aussi 430 millions pour le projet de raccordement du lien Cavendish, 185 millions pour la modernisation des infrastructures du SIM et une accentuation de la sécurité routière.
Pour équilibrer le tout, Ensemble Montréal mise sur la croissance immobilière, avec près de 105 millions attendus en taxes foncières et frais de mutation. La suppression de 1000 postes, héritée d’une promesse jadis proposée par Denis Coderre, serait le cœur de son programme d’économie.
Un même enjeu, deux approches
Malgré ces différences, un point commun subsiste : la taxe foncière. Rabouin prévoit une hausse de 2 à 3 %, tandis que Martinez Ferrada propose de limiter l’augmentation à l’inflation.
Selon Danielle Pilette, la proposition d’Ensemble Montréal est « plus risquée à long terme », car elle repose sur une accélération de la délivrance de permis et sur une forte croissance du marché immobilier, deux variables incertaines dans le contexte économique actuel.
En toile de fond : un défi budgétaire pour Montréal
Les finances montréalaises seront sous tension pour les prochaines années, notamment à cause de la hausse des coûts de l’entretien des infrastructures, de la crise du logement et des besoins croissants en services publics.
Les experts rappellent que la Ville devra trouver un équilibre entre rigueur financière et investissement social, quel que soit le parti élu.






