L’épidémiologiste québécoise Nimâ Machouf a retrouvé la liberté vendredi après avoir été détenue par Israël suite à l’interception de son navire humanitaire en route vers Gaza.
Libération confirmée à Istanbul
Amir Khadir, son époux, a confirmé vendredi à CTV News que Nimâ Machouf a été libérée de détention et se trouve maintenant à Istanbul. L’épidémiologiste montréalaise fait partie des trois Canadiens sur six à avoir recouvré leur liberté, tandis que trois autres compatriotes demeurent toujours détenus par les autorités israéliennes.
Une mission humanitaire interceptée en mer
La médecin québécoise se trouvait à bord du navire «Conscience», un bateau participant à la flottille de la liberté pour Gaza 2025. Cette initiative de la Coalition internationale de la Flottille de la liberté vise à briser le blocus israélien de la bande de Gaza, en place depuis 2007 et renforcé depuis octobre 2023, tout en apportant une aide humanitaire aux Palestiniens.
Dans la nuit de mercredi, l’embarcation transportant environ une centaine de scientifiques, journalistes et humanitaires a été interceptée par l’armée israélienne à environ 200 kilomètres des côtes de Gaza, alors qu’elle naviguait dans les eaux internationales.
Une attaque nocturne en pleine mer
Selon David Heap, porte-parole de Bateau canadien pour Gaza, le navire a été abordé par un commando héliporté. « La première chose qu’ils ont faite a été de mettre hors service les caméras », a-t-il déclaré. Nimâ Machouf a témoigné de cette intervention musclée: « Nous avons été attaqués en pleine nuit avec deux hélicoptères. Une quinzaine de personnes sont débarquées. Ils savaient qu’on n’était pas armés. On était des humanitaires, du personnel de santé et des journalistes avec à bord du matériel médical. Ils sont quand même arrivés armés jusqu’aux dents. »
Le navire a été dévié de sa trajectoire et dirigé vers le port d’Ashdod en Israël. Les passagers ont ensuite été détenus dans une prison à haute surveillance.
Engagement humanitaire d’une militante montréalaise
Épidémiologiste reconnue et militante engagée, Nimâ Machouf n’en était pas à sa première action humanitaire. Son engagement en faveur de la cause palestinienne s’inscrit dans une longue tradition de flottilles humanitaires tentant de briser le blocus de Gaza, mouvement né en 2010 après la première flottille de la liberté.
La flottille 2025 comprenait trois navires principaux: le Conscience, le Madleen et le Handala. Le Conscience avait d’abord été frappé par un drone israélien dans les eaux internationales, causant d’importants dégâts matériels. Le Madleen a ensuite été intercepté en juin 2025, suivi du Handala en juillet.
Réactions du Canada et tensions diplomatiques
Suite à l’arrestation des six Canadiens, le gouvernement canadien avait exigé d’Israël qu’il assure leur « libération rapide ». L’incident a relancé le débat international sur la légalité du blocus imposé à Gaza et soulevé des accusations de violation du droit international.
Global Affairs Canada n’a pas pu être joint immédiatement pour commenter la libération partielle des détenus canadiens.
Trois Canadiens toujours détenus
Alors que Nimâ Machouf, Mskwaasin et Khurram Musti Khan ont été libérés et sont arrivés à Istanbul, trois autres Canadiens – Nikita Stapleton, Sadie Mers et Devoney Ellis – restent détenus illégalement par Israël, selon les organisations humanitaires impliquées. Leurs conditions de détention et les délais d’expulsion demeurent incertains.
Contexte du blocus de Gaza
Depuis 2006, Israël et l’Égypte imposent un blocus de la bande de Gaza, initialement en réponse à sa prise de contrôle par le Hamas. Bien qu’allégé en 2010 avec l’ouverture d’un poste-frontière à Rafah, ce blocus perdure et s’est intensifié depuis octobre 2023, aggravant la crise humanitaire dans le territoire palestinien.
La mission de la flottille visait précisément à attirer l’attention internationale sur cette situation et à acheminer de l’aide médicale aux populations civiles de Gaza.