Un discours de confiance au sommet de Kuala Lumpur
Le premier ministre Mark Carney participe cette semaine au sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) à Kuala Lumpur, en Malaisie. Son objectif : présenter le Canada comme un partenaire commercial fiable, stable et tourné vers l’avenir. Cette démarche s’inscrit dans la stratégie de son gouvernement visant à diversifier les exportations canadiennes hors du marché américain, avec un objectif ambitieux de les doubler au cours de la prochaine décennie.
Quelques jours avant ce sommet, le président américain Donald Trump a toutefois suspendu les discussions commerciales bilatérales, citant une campagne publicitaire canadienne jugée « hostile au protectionnisme américain ». Malgré ce contexte diplomatique tendu, M. Carney affirme vouloir maintenir une approche ouverte et multilatérale dans les échanges internationaux.
Un virage salué en Asie du Sud-Est
D’après Wayne Farmer, président du Conseil d’affaires Canada-ANASE, le virage économique impulsé par le gouvernement Carney « est bien accueilli dans la région ». Il cite notamment la loi sur les projets importants, adoptée récemment, qui vise à accélérer l’approbation de projets d’infrastructure stratégiques et à faciliter les investissements étrangers au Canada.
Les pays de l’ANASE — dont Singapour, la Thaïlande, le Vietnam et la Malaisie — voient désormais le Canada comme un allié stable et prévisible, notamment dans les secteurs de la technologie, de l’énergie et de l’environnement. Une source gouvernementale a d’ailleurs rappelé que ces dix pays représentent désormais un marché prioritaire dans la nouvelle politique commerciale canadienne.
Des priorités communes : énergie et sécurité
L’agenda de M. Carney prévoit plusieurs rencontres bilatérales, notamment avec le premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, des responsables de la banque centrale de Malaisie, ainsi que des dirigeants du secteur pétrolier et aérospatial. Ces rencontres porteront sur la transition énergétique, les minéraux critiques et la coopération nucléaire civile, un domaine où le Canada détient une expertise reconnue.
Selon Vina Nadjibulla, vice-présidente de la Fondation Asie Pacifique du Canada, l’Asie du Sud-Est cherche à renforcer sa sécurité énergétique et alimentaire. « Le Canada possède le savoir-faire nécessaire pour soutenir ces pays dans la recherche agricole durable et l’innovation verte », précise-t-elle.
Vers un accord commercial Canada-ANASE
Les négociations en vue d’un accord de libre-échange entre le Canada et l’ANASE avancent de manière encourageante. Kai Ostwald, directeur de l’Institut des recherches asiatiques de l’Université de la Colombie-Britannique, note que les deux parties « partagent une même philosophie pragmatique de la coopération ». L’objectif est de conclure un accord au début de 2026, dans le prolongement du plan d’action conjoint 2021-2025, qui arrive à expiration cette année.
Pour le gouvernement Carney, cette entente constituerait une étape majeure dans la redéfinition du rôle du Canada sur la scène indo-pacifique. Elle permettrait également de consolider le positionnement du pays comme acteur équilibré entre l’Amérique, l’Europe et l’Asie, à un moment où les tensions géopolitiques et les enjeux énergétiques redessinent la carte du commerce mondial.
