Un rendez-vous culturel crucial à l’épreuve des tensions syndicales
À quelques semaines de son ouverture, le Salon du livre de Montréal se trouve dans une situation précaire. La possible grève des employés d’entretien de la Société de transport de Montréal (STM), annoncée pour novembre, risque de compromettre l’un des plus importants évènements culturels de la métropole.
Olivier Gougeon, directeur général du Salon, parle d’un impact « catastrophique » si le conflit de travail devait se concrétiser. « Le Salon du livre, c’est un pilier de la culture montréalaise. Sans transport en commun, c’est tout un pan du public, notamment les jeunes, qui se retrouverait privé de cette expérience », déplore-t-il.
Des conséquences majeures sur la fréquentation
Prévu du 19 au 23 novembre au Palais des congrès, le Salon du livre attire chaque année plus de 90 000 visiteurs, dont près d’un quart sont des élèves venus par le biais d’écoles. Cette année, les organisateurs espéraient franchir le cap symbolique des 100 000 visiteurs.
Cependant, 75% des participants se déplacent habituellement en métro ou en autobus pour accéder à l’évènement. Même avec un service limité aux heures de pointe, l’accès en dehors de ces plages horaires serait fortement perturbé.
« Plusieurs écoles n’auront pas la possibilité de trouver du transport alternatif à la dernière minute », explique M. Gougeon, soulignant que les activités du Salon s’étendent jusqu’en soirée, avec des billets offerts à moitié prix pour encourager la participation.
Une menace pour l’accès à la culture
Au-delà des enjeux logistiques, c’est l’accès même à la culture qui inquiète. Marc-André Audet, président des Éditions Les Malins, rappelle l’importance du Salon pour la jeunesse et les créateurs : « Chaque rencontre entre jeunes et auteurs peut créer des lecteurs pour la vie. Si le Salon est perturbé, c’est toute une génération qui perd une occasion précieuse de s’approprier la lecture. »
Les éditeurs et illustrateurs, eux, redoutent une lourde perte de revenus. « Ils investissent une année entière de travail pour cet évènement. Annuler ou réduire la fréquentation serait un véritable coup dur », poursuit M. Audet, évoquant l’exemple du Grand Prix de Formule 1 qui avait obtenu une exemption spéciale lors d’une grève précédente.
Un appel au dialogue entre les acteurs
Face à cette menace, la direction du Salon a intensifié les échanges avec la Ville, la STM et le syndicat des employés d’entretien. Une décision du Tribunal administratif du travail est attendue sous peu pour déterminer le niveau de services essentiels à maintenir.
Olivier Gougeon espère encore une issue favorable : « Nous faisons tout pour préserver le Salon. C’est un évènement qui fait rayonner non seulement le livre, mais tout l’écosystème culturel québécois. Une grève viendrait compromettre des mois de préparation et mettre en péril notre mission d’accès à la culture. »
