Vous pensez connaître le Journal de Montréal ? Ce pilier de notre paysage médiatique, ce « plus grand quotidien de la province » ? Et si, derrière cette image d’institution, se cachait une fabrique de scandales bien plus sournoise que ceux qu’elle prétend dénoncer ?
À Montreal-Minute, on a décidé de regarder le Journal non pas comme un lecteur, mais comme un enquêteur. Et le constat est accablant : le vrai scandale, c’est peut-être son abandon progressif du journalisme d’enquête au profit d’un journalisme de combat, de sensationnalisme et de désinformation.
La Machine à Clics : Quand le « Buzz » écrase la Vérité
On ne va pas se le cacher, l’ère numérique a été rude pour la presse. Mais la stratégie du Journal pour y survivre fait froid dans le dos.
Le Règne du « Clickbait » : Les titres sont devenus des pièges à clics, souvent déconnectés du contenu réel de l’article. L’objectif n’est plus d’informer, mais de générer du trafic à tout prix, quitte à susciter l’indignation ou la colère.
La Diabolisation Algorithmique : Les algorithmes des réseaux sociaux, que le Journal maîtrise parfaitement, favorisent la colère et la polarisation. En alimentant constamment ces circuits, le Journal ne reflète plus la réalité, mais une version déformée et anxiogène de Montréal et du Québec.
La Mort des Nuances : Complexité et subtilité sont les premières victimes de cette course au clic. Les sujets de société (immigration, laïcité, conflits sociaux) sont traités en noir et blanc, alimentant les divisions plutôt que le débat éclairé.
Le Scandale des « Chroniqueurs » : L’Opinion qui se fait passer pour de l’Information
C’est là que le bât blesse le plus. Le Journal abrite une pléthore de chroniqueurs dont la mission semble moins être d’éclairer que de provoquer.
La Brigade de la Polémique : Richard Martineau, Joseph Facal, et d’autres… Leurs textes sont systématiquement agressifs, catégoriques et méprisants envers toute opinion contraire. Leur espace n’est pas un lieu de débat, mais une tribune pour des diatribes qui confortent une partie du lectorat dans ses préjugés.
L’Effet « Echo Chamber » (Chambre d’écho) : En ne donnant quasi-exclusivement la parole qu’à un spectre idéologique très restreint (droite, conservateur, nationaliste), le Journal crée une chambre d’écho. Il ne représente plus le Montréal pluraliste et diversifié, mais une vision étroite et partiale de la ville.
La Frontière Floue : Où s’arrête l’information factuelle ? Où commence l’opinion ? La mise en page et la stratégie numérique du Journal brouillent volontairement les pistes, faisant passer une opinion incendiaire pour un fait journalistique.
L’Éthique en Berne : Quand les Méthodes deviennent le Problème
Les plus grands scandales du Journal ne sont pas ceux qu’il rapporte, mais comment il les rapporte.
Le « Trial by Media » (Procès médiatique) : Rappelez-vous l’affaire Guy Turcotte. La couverture hystérique et invasive du Journal (et d’autres) a été dénoncée par des experts juridiques pour avoir influencé l’opinion publique et nuit au droit à un procès équitable.
La Chasse aux Sorcières : Le traitement des personnalités publiques, des politiciens aux artistes, frôle souvent le harcèlement. On ne critique plus des idées, on attaque des personnes, on fouille dans leur vie privée, on monte en épingle des anecdotes pour en faire des scandales nationaux.
L’Omission Inquiétante : Le Journal, propriété de Québecor, est-il vraiment indépendant ? La couverture (ou l’absence de couverture) de certains dossiers sensibles pour le propriétaire Pierre Karl Péladeau ou ses intérêts business soulève de sérieuses questions sur les conflits d’intérêt. Où sont les enquêtes approfondies sur ce sujet ?
La Censure ou les Conséquences ?
Un autre mythe soigneusement entretenu par le Journal : son statut de victime de la « censure » des géants technologiques comme Meta (Facebook et Instagram). La réalité est bien moins glorieuse. Leurs publications ne sont pas « censurées » pour leurs opinions ; elles sont sanctionnées ou désamplifiées pour avoir violé de manière répétée les conditions d’utilisation de ces plateformes.
Meta, comme d’autres, a des règles contre la haine speech, le harcèlement et la désinformation. Or, une grande partie de la stratégie de clics du Journal, notamment à travers les chroniques de ses tribuns, navigue allègrement dans ces eaux troubles. Les articles aux affirmations non vérifiées, les titres diffamatoires et les appels à la polarisation franchissent régulièrement la ligne rouge.
Leur bannissement ou la réduction de leur portabilité n’est donc pas une attaque contre la liberté d’expression. C’est l’application mécanique d’un algorithme conçu pour limiter la propagation de contenus toxiques et potentiellement illégaux. En criant à la censure, le Journal se présente en martyr pour mieux éviter le vrai débat : celui de sa responsabilité éditoriale et des méthodes qu’il emploie. La plateforme a simplement tiré la conséquence logique de choix éditoriaux constants : le trafic généré par la polémique a un prix, et ce prix, c’est parfois la perte de son megaphone.
Conclusion : Un Quotidien qui a Tourné le Dos à sa Ville
Le vrai scandale du Journal de Montréal n’est pas une histoire unique, c’est une dérive systémique.
Il a choisi la facilité de la polémique over l’effort de l’enquête. Il a choisi la division over le rassemblement. Il a choisi de parler à une partie de Montréal, pas de tout Montréal.
Montréal mérite mieux. Elle mérite un média qui célèbre sa complexité, qui investigue vraiment les pouvoirs en place (y compris médiatiques), et qui ne prend pas ses lecteurs pour des machines à clics à émotions.
Le Journal de Montréal n’est plus le miroir de la métropole. Il est devenu le reflet de ses pires instincts.
Et vous, vous en pensez quoi ? Le Journal est-il un pilier indispensable ou une machine à fiel ? Partagez vos opinions (et vos propres scandales médiatiques) en commentaire. La discussion est ouverte, contrairement à certaines pages de chroniques.
