Depuis plusieurs mois, un phénomène surprenant fait surface dans des communautés de Montréal : plusieurs nouveaux arrivants, malgré leurs diplômes et compétences, ne trouvent pas d’emploi stable. Faute de meilleures opportunités, beaucoup se lancent dans la livraison de nourriture, notamment via Uber Eats, souvent à temps plein.
Ces livreurs racontent travailler parfois jusqu’à 60 heures par semaine dans des conditions éprouvantes : salaires modestes, horaires imprévisibles, précarité du statut de travailleur autonome. Le régime de pourboires et la rémunération à la course ne couvrent pas toujours les frais du véhicule ou de l’entretien, ce qui aggrave leur précarité.
Les obstacles à l’emploi stable sont multiples : barrière de la langue, reconnaissance de diplômes étrangers, accès au réseau professionnel, sans oublier la pandémie et ses retombées sur le marché du travail. Plusieurs organismes communautaires dénoncent ce recours à des emplois de subsistance comme un recul dans la pleine intégration de ces personnes à la société québécoise.
Cet état des faits devient un enjeu majeur du point de vue social et économique. Des voix s’élèvent pour demander une amélioration significative de l’accompagnement à l’emploi, un meilleur soutien pour la reconnaissance des qualifications étrangères, ainsi que des passerelles organisées vers des métiers plus sécuritaires.
À terme, ce phénomène demande une réponse concertée entre le milieu communautaire, les institutions d’éducation, les acteurs de l’emploi et le gouvernement, afin de transformer ces courses de livraison, aujourd’hui symboles d’une survie économique, en tremplin vers une véritable stabilité professionnelle.