À moins d’un mois de la campagne électorale municipale au Québec, un nouveau sondage révèle que la course à la mairie de Montréal demeure plus ouverte que jamais. Malgré une avance de 9 points pour Ensemble Montréal, 42 % des électeurs n’ont toujours pas arrêté leur choix, un taux d’indécision qualifié d’historique par les experts.
Une course largement ouverte
Selon un sondage Léger réalisé pour CTV News et publié le 6 octobre 2025, Soraya Martinez Ferrada, cheffe d’Ensemble Montréal, recueille actuellement 21 % des intentions de vote. Elle devance ainsi Luc Rabouin de Projet Montréal qui obtient 12 % des appuis, suivi de Craig Sauvé de Transition Montréal avec 8 %, Gilbert Thibodeau d’Action Montréal (7 %) et Jean-François Kacou de Futur Montréal (2 %).
Cependant, ces chiffres doivent être interprétés avec prudence. Le taux d’indécision de 42 % surpasse le total des intentions de vote pour l’ensemble des candidats, ce qui signifie que des centaines de milliers de voix sont encore à prendre.
Un taux d’indécision sans précédent
Ce niveau d’incertitude constitue un phénomène remarquable dans l’histoire politique montréalaise. « Nous avons des candidats qui ont une solide expérience en politique municipale ou fédérale, mais ils n’ont jamais été à la tête d’un parti », explique Sébastien Dallaire, vice-président exécutif de Léger, lors d’une entrevue avec CTV News.
L’absence de maire sortant dans la course complique également la donne pour les électeurs. Après le retrait de Valérie Plante, les Montréalais se retrouvent devant des candidats connus localement, mais qui ne sont pas des « candidats vedettes » à l’échelle de la ville.
Le bombardement d’informations politiques mondiales et nationales peut aussi submerger les électeurs, rendant difficile pour la politique municipale de vraiment se démarquer. « Aucun des candidats n’a vraiment réussi à faire la Une des journaux et à se tailler une place dans la campagne », souligne M. Dallaire.
Un profil électoral qui se dessine
Malgré l’indécision généralisée, certaines tendances commencent à émerger. Soraya Martinez Ferrada attire davantage les hommes, les personnes de 55 ans et plus ainsi que les résidents de l’ouest de l’île. Le sondage révèle également que 53 % des femmes se disent indécises, comparativement à 30 % des hommes.
Par ailleurs, 60 % des Montréalais se sont déclarés insatisfaits du travail effectué par l’équipe de Valérie Plante à la mairie, tandis que seulement 31 % en sont satisfaits. Cette désaffection pourrait expliquer pourquoi 63 % des répondants souhaitent un changement d’équipe lors des prochaines élections.
Les enjeux prioritaires pour les Montréalais
Le logement s’impose comme l’enjeu majeur de cette campagne. Selon le sondage, 72 % des personnes interrogées estiment que le coût d’achat ou de location d’un logement à Montréal n’est pas très abordable, voire pas abordable du tout. Seulement 20 % considèrent le logement abordable dans la métropole.
« Le logement sera certainement un facteur déterminant dans le choix du prochain maire », affirme Sébastien Dallaire, rappelant que le coût de la vie figure traditionnellement en tête des préoccupations lors des élections.
Sans compter les votes indécis, Martinez Ferrada devance largement ses concurrents sur des questions telles que l’amélioration de la qualité de vie, la lutte contre la criminalité et la gestion des finances publiques.
Des positions divergentes sur les enjeux urbains
Le sondage révèle également des opinions partagées sur certaines politiques municipales. À la surprise des analystes, 46 % des répondants soutiennent l’ouverture de sites de consommation supervisée de drogues, contre 32 % qui s’y opposent.
En revanche, l’expansion du réseau de pistes cyclables divise clairement l’électorat. Une majorité de 56 % des personnes interrogées considèrent qu’il s’agit d’une mauvaise idée de continuer à investir dans ce réseau, contre 31 % qui y sont favorables. « Cela montre que, peut-être, sous l’administration précédente, la question des pistes cyclables a vraiment marqué certains électeurs », avance M. Dallaire.
Concernant les questions linguistiques, la majorité des répondants estiment que ni la protection des droits de la communauté anglophone (54 % pensent que ce ne devrait pas être prioritaire) ni la protection de la langue française (63 %) ne devraient constituer des enjeux prioritaires de la campagne.
Quatre semaines décisives
À près de quatre semaines du scrutin du 2 novembre, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Les candidats tiers comme Craig Sauvé et Gilbert Thibodeau gagnent lentement du terrain. Le départ de Sauvé de Projet Montréal en 2021 pourrait lui permettre de capter des votes d’électeurs déçus.
Avec un tel niveau d’indécision, la campagne promet d’être déterminante. Les candidats devront redoubler d’efforts pour capter l’attention d’un électorat certes intéressé — 67 % se disent préoccupés par les élections — mais qui n’a pas encore trouvé le candidat capable de l’inspirer.
Méthodologie : Le sondage Léger a été mené en ligne auprès de 500 résidents de la ville de Montréal entre le 26 et le 30 septembre 2025, avec une marge d’erreur de plus ou moins 4,4 points de pourcentage, 19 fois sur 20.