Six semaines après la journée traditionnelle des déménagements, plus de 200 ménages montréalais n’ont toujours pas trouvé de logement. Selon l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), 216 familles sont encore sans toit depuis le 1er juillet. Dans l’ensemble du Québec, ce sont plus de 1 700 ménages qui vivent la même situation. Les plus touchés sont les parents célibataires, les nouveaux arrivants et les locataires à faible revenu.
Parmi eux se trouve Kim, une jeune mère célibataire de 22 ans originaire du Cameroun. Après avoir perdu son emploi en début d’année, elle n’a plus été en mesure de payer le loyer de son appartement à 1 650 dollars. Depuis, elle vit temporairement dans une chambre partagée avec son bébé et une amie. « Je ne veux pas, mais j’ai perdu tout espoir », confie-t-elle, déterminée malgré tout à continuer pour son fils.
Les organismes communautaires tirent la sonnette d’alarme. Margaret van Nooten, du projet Genesis, souligne que la crise n’a cessé de s’aggraver et que même avec de l’aide, beaucoup de familles se retrouvent dans des conditions précaires : chambres surpeuplées, perte de meubles, abandon d’animaux de compagnie. Elle dénonce également les rénovictions, les reprises de logements et la flambée des loyers. Selon elle, la solution passe par la création rapide de nouveaux logements sociaux.
Face à la crise, la Ville de Montréal affirme avoir pris des mesures inédites. Philippe Massé, porte-parole municipal, rappelle l’investissement de 100 millions de dollars pour protéger plus de 700 ménages de Côte-des-Neiges contre d’éventuelles évictions abusives. Il reconnaît néanmoins que malgré ces efforts, la crise s’est intensifiée.
Du côté de l’OMHM, la directrice des services d’orientation, Isabelle Girard-Fortier, confirme que la demande ne cesse d’augmenter, même en dehors de la période des déménagements. « Nous voyons à quel point il est difficile aujourd’hui pour les familles montréalaises de trouver un loyer abordable », dit-elle, soulignant l’impact particulier pour celles avec de jeunes enfants.
Pour Kim et de nombreuses autres familles, le quotidien est devenu une lutte. Sans logement permanent ni emploi stable, elles disent manquer d’options. Pourtant, malgré le découragement, plusieurs continuent de chercher, dans l’espoir de retrouver la stabilité et la dignité qu’un simple toit devrait garantir.






