Une itinérance féminine cachée
Contrairement aux idées reçues, l’itinérance touche fortement les femmes montréalaises, mais leur présence demeure discrète dans l’espace public. Beaucoup préfèrent éviter les rues par peur de la violence, optant pour le couchsurfing précaire ou des logements insalubres, voire des relations abusives pour obtenir un toit. Cette “itinérance cachée” fausse les statistiques officielles, conduisant à une sous-évaluation et un sous-financement de leurs besoins vitaux.
Parcours vers la rue : violence et précarité
La majorité des femmes itinérantes ont vécu des violences et des ruptures familiales qui fragilisent leur sécurité financière. Les métiers féminins, moins bien rémunérés, aggravent leur vulnérabilité. La hausse du coût de la vie et la pénurie de logements abordables ont provoqué une augmentation exponentielle des femmes et enfants sans domicile, notamment depuis la pandémie : à Québec, les demandes d’hébergement d’urgence refusées ont doublé en cinq ans.
Obstacles et discriminations supplémentaires
Les mères célibataires peinent à trouver un logement sûr, affrontant la discrimination des propriétaires. Les femmes racisées, autochtones, handicapées, LGBTQ+ et migrantes affrontent des barrières structurelles supplémentaires, aggravant leur exclusion.
Initiatives et solutions innovantes
Les organismes montréalais multiplient les efforts pour offrir des solutions adaptées :
- Le Chaînon et Logifem inaugurent des logements de transition et des programmes pour les femmes avec enfants ou vivant des défis de santé mentale.
- Chez Doris et Passages ajoutent des places d’urgence et développent des services thérapeutiques.
- L’Auberge Madeleine et La Rue des Femmes misent sur l’accompagnement relationnel, la cuisine collective et des activités favorisant l’autonomie et le rétablissement.
En 2025, Montréal compte environ 2 072 places d’hébergement dédiées à toutes les personnes sans-abri, mais la demande féminine continue de dépasser largement l’offre. La quasi-totalité des femmes ayant bénéficié d’un suivi post-hébergement ont conservé leur logement, preuve de l’efficacité des dispositifs spécialisés.
Un appel à investir et à adapter les politiques
Les experts et intervenants réunis au Congrès national pour mettre fin à l’itinérance à Montréal soulignent l’urgence d’investir durablement dans des solutions genrées et d’écouter les femmes concernées. L’amélioration des politiques publiques passe par le financement stable des organismes, une prise en compte de la parentalité et du traumatisme, ainsi que la création de places adaptées pour les adolescentes et les familles.
Conclusion :
L’itinérance féminine n’est pas un chiffre, c’est une réalité humaine trop souvent occultée. Investir dans des solutions spécifiques, c’est avant tout restaurer la dignité et l’espoir des femmes les plus marginalisées.
