La SPCA de Montréal fait face à une situation alarmante : les abandons d’animaux domestiques ont explosé de 32% au cours de la dernière année. Cette hausse vertigineuse révèle une crise sociale où familles montréalaises et refuges animaliers sont poussés à leurs limites.
Une statistique qui alarme : 32% d’augmentation en un an
Selon Marilou David, directrice des communications à la SPCA de Montréal, l’organisme a enregistré une augmentation stupéfiante de 32% du nombre d’animaux abandonnés comparativement à la même période l’année dernière. « Il y a vraiment une hausse significative des animaux qui nous sont confiés », a-t-elle déclaré lors d’une récente entrevue.
Cette tendance ne date pas d’hier. Depuis 2020, la SPCA observe une progression constante des abandons. Au cours des quatre premiers mois de 2025 seulement, pas moins de 1 212 animaux ont été confiés au refuge – une augmentation de 26% par rapport à 2024. L’année 2024 avait déjà battu des records avec plus de 3 000 animaux abandonnés au total.
L’inflation et la crise du logement : les véritables coupables
Contrairement aux idées reçues, les déménagements ne sont pas la seule cause des abandons. « Les abandons sont multifactoriels », explique Mme David. La réalité est bien plus complexe et douloureuse : de nombreuses familles se retrouvent confrontées à des choix déchirants entre garder un toit au-dessus de leur tête ou conserver leur compagnon à quatre pattes.
Le coût de la vie a flambé, rendant l’entretien d’un animal de plus en plus inaccessible pour certains ménages. Les soins vétérinaires, la nourriture de qualité, les conseils comportementaux : toutes ces dépenses s’accumulent et deviennent insoutenables pour des familles déjà fragilisées par l’inflation galopante.
« Quand tu as le choix entre loger ta famille ou garder ton animal, il y a des gens qui doivent faire des choix déchirants », témoigne la directrice des communications. Plus d’une famille par jour se voit maintenant contrainte d’abandonner son animal en raison d’un déménagement vers un logement qui refuse les animaux.
Le marché locatif tendu à Montréal aggrave la situation, avec un nombre croissant de baux interdisant la présence d’animaux domestiques. Face à la rareté des logements abordables acceptant les compagnons à quatre pattes, plusieurs propriétaires d’animaux n’ont d’autre choix que de s’en séparer.
La SPCA : un filet de sécurité essentiel mais surchargé
La SPCA de Montréal se positionne comme « le filet de sécurité des animaux partout au Québec ». Sa mission est claire : accueillir chaque animal abandonné, sans exception. « S’il y a un animal qui a besoin de nous, et qu’il n’y a pas d’autres options, on est là pour lui », affirme Mme David.
Cependant, cette mission devient de plus en plus difficile à accomplir. Organisme sans but lucratif, la SPCA dépend majoritairement de la générosité du public pour répondre aux besoins essentiels des animaux dont elle s’occupe. Elle ne reçoit aucune subvention, bien qu’elle détienne certains contrats de services qui ne couvrent qu’une fraction de ses dépenses.
La prise en charge d’un animal coûte en moyenne entre 500$ et 1 750$, selon l’espèce. Ces frais comprennent les soins vétérinaires, l’hébergement, la nourriture et la réhabilitation. Avec l’augmentation constante des abandons, le refuge fait face à une pression financière sans précédent.
Des solutions pour éviter l’abandon
Heureusement, l’abandon n’est pas toujours inévitable. La SPCA déploie plusieurs programmes communautaires pour aider les propriétaires en difficulté à garder leurs animaux.
La banque alimentaire, lancée en 2021, a déjà redistribué plus de 60 tonnes de nourriture à des animaux dans le besoin. Les organismes communautaires et les individus en difficulté peuvent bénéficier de ce service gratuit pour nourrir leurs compagnons.
Le programme d’hébergement temporaire permet également de soutenir les personnes en situation instable – immigrants récents, victimes de violence conjugale, personnes en réinsertion sociale – en prenant soin de leurs animaux le temps que leur situation se stabilise.
« On leur propose de l’aide selon leurs besoins. Si quelqu’un n’a plus les moyens de nourrir son animal, on peut lui fournir de la nourriture. On peut donner des conseils comportementaux, des conseils pour convaincre le propriétaire de garder son animal », détaille Marilou David.
Un appel à la solidarité
Alors que la période des déménagements de juillet s’annonce critique, la SPCA lance un appel urgent à la mobilisation. Laurence Massé, directrice générale, explique que la courbe continue de monter malgré tous les espoirs de voir la situation se stabiliser.
« Ce qui nous surprend, c’est que la courbe continue de monter. Nous espérons toujours atteindre un plafond, mais non! La fin de la pandémie a eu un impact sur les abandons d’animaux, mais beaucoup plus tard, et plus fort, que nous l’avions anticipé », confie-t-elle.
L’organisme compte sur la solidarité de la population pour traverser cette vague d’abandons historique. Chaque don, chaque adoption, chaque geste de soutien compte pour permettre à la SPCA de continuer sa mission essentielle.
Derrière chaque statistique se cache une histoire déchirante, comme celle de Maddie, ce chien confié par une propriétaire qui devait déménager pour s’occuper de son père malade dans un logement refusant les animaux. Un choix inhumain entre veiller sur un parent et garder son compagnon fidèle.
Grâce au soutien de la communauté, Maddie a trouvé une nouvelle famille aimante. Mais combien d’autres animaux attendent encore leur chance? Face à cette crise qui frappe de plein fouet les familles montréalaises et leurs compagnons, la solidarité collective n’a jamais été aussi cruciale.
