Enquête – Une tempête sociale s’annonce à Polytechnique Montréal alors que les étudiants en génie se préparent à une grève de deux jours pour protester contre la suppression progressive d’une bourse compensatoire pour les stages obligatoires. Cette décision administrative, enterrinée en juin dernier, fait passer les frais de stage de 703$ à 1275$ pour les étudiants québécois d’ici 2027.Notre investigation révèle que cette hausse s’inscrit dans un contexte plus large de précarité étudiante. « Les étudiants ont du mal à remplir leur frigo, à payer leur loyer. C’est irresponsable de demander plus d’argent à des personnes qui en arrachent déjà », dénonce Gabriel Comby, président de l’Association des étudiants de Polytechnique. Pourtant, l’établissement argue que les employeurs versent un revenu médian de 24$ l’heure aux stagiaires.La direction justifie sa décision en invoquant la réalité économique changeante depuis 2013 et le précédent de l’ÉTS, qui aurait supprimé sa bourse en 2019. Mais l’AEP conteste cet argument, affirmant que la majorité des universités québécoises « ne facturent que très peu les stages ». Le conflit soulève une question fondamentale : les stages en génie, essentiels à l’obtention du diplôme, doivent-ils être considérés comme une simple marchandise ?Alors que le budget 2025-2026 a déjà intégré les revenus anticipés de cette mesure, la rencontre de mercredi entre l’association et le conseil d’administration s’annonce déterminante. Cette crise met en lumière les tensions croissantes entre l’accessibilité éducative et les impératifs budgétaires dans l’enseignement supérieur québécois.
