Longtemps considérée comme l’un des pôles majeurs de l’intelligence artificielle (IA), Montréal peut-elle encore prétendre à ce statut aujourd’hui ? Alors que la compétition mondiale s’intensifie, la métropole doit redoubler d’efforts pour maintenir sa place parmi les leaders du secteur. Analyse d’un écosystème en pleine mutation, entre héritage scientifique, talent local et défis économiques.
1. Un statut forgé depuis près de 10 ans
C’est entre 2015 et 2018 que Montréal s’est imposée sur la scène internationale de l’IA. L’arrivée de géants comme Google, Facebook et Samsung, attirés par la richesse du bassin de talents et la présence du chercheur de renom Yoshua Bengio, a propulsé la métropole sur le devant de la scène.
À cette époque, le gouvernement du Québec et Ottawa ont mis en place des stratégies ambitieuses pour soutenir la recherche et l’innovation. L’Institut québécois d’intelligence artificielle (Mila) est rapidement devenu un acteur incontournable, comptant aujourd’hui plus de 1500 chercheurs contre seulement 150 en 2018.
2. Montréal : un écosystème encore attractif ?
Si Montréal n’est plus la seule plaque tournante de l’IA, elle continue de séduire de nombreux experts et entreprises. Selon Stéphane Paquet, PDG de Montréal International, « Montréal figure toujours parmi les leaders mondiaux ».
Des entreprises comme ServiceNow, qui a acquis la firme montréalaise Element AI, y maintiennent des centres de recherche, et des clients américains expriment même leur intérêt pour organiser des ateliers en IA avec les équipes locales.
Montréal conserve également une image forte d’IA éthique et responsable, incarnée par des personnalités comme Sasha Luccioni, professeure associée à McGill et figure de proue de l’IA à faible empreinte carbone.
3. Mais une concurrence internationale de plus en plus forte
Face à la montée en puissance de Singapour, de la France et de l’Allemagne, la métropole doit faire preuve de vigilance. Les investissements massifs dans les infrastructures de calcul et l’innovation à l’étranger risquent de creuser l’écart si le Canada ne réagit pas rapidement.
Valérie Pisano, PDG de Mila, lance un avertissement clair : « Si Montréal reste un leader, nous ne sommes plus en tête du peloton. Il est urgent d’investir de nouveau dans les infrastructures de calcul pour rester compétitifs. »
4. Rester une référence mondiale : les pistes de solutions
Pour préserver sa place, Montréal doit :
- Accélérer les investissements en infrastructures de calcul avancé.
- Favoriser le développement de produits technologiques concrets issus de la recherche.
- Maintenir l’équilibre entre innovation et responsabilité sociale, qui fait la singularité de l’écosystème montréalais.
L’IA génère des emplois hautement qualifiés avec des salaires pouvant atteindre 250 000 $ par an. Un secteur stratégique pour l’économie locale, mais qui nécessite un soutien politique et financier continu.
Si Montréal conserve encore de solides atouts, elle ne peut se reposer sur ses acquis. Dans un secteur aussi dynamique, l’immobilisme est synonyme de recul. Pour continuer à rayonner sur la scène mondiale, la métropole doit investir et innover, tout en préservant les valeurs qui ont fait sa renommée : l’éthique, la recherche de pointe et l’inclusion.