Alors que le secteur industriel représente près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec, l’Est de Montréal se retrouve au cœur d’un défi majeur : réussir sa transition écologique sans nuire à sa compétitivité économique. C’est dans ce contexte que s’est tenu le Sommet Climat 2025, marqué par un atelier à huis clos réunissant chefs d’entreprises, élus et experts.
Organisé par la Ville de Montréal, en partenariat avec la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM), le sommet a donné le coup d’envoi à une étude stratégique ambitieuse menée par les firmes Innovitech et Ricardo. Objectif : dresser un portrait précis de l’écosystème industriel de l’Est montréalais pour planifier une transition industrielle durable et structurée.
Les entreprises disent oui… sous conditions
Richard Mimeau, vice-président de Matrec, salue une réelle volonté de changement de la part des industriels. « Il y a un intérêt concret pour l’économie circulaire. Les entreprises veulent évoluer, mais cela demande un appui politique et financier fort », affirme-t-il. Matrec a récemment inauguré à Montréal-Est l’un des centres de tri les plus performants du pays, capable de traiter 150 000 tonnes de matières recyclables par an.
Selon lui, pour que cette transition réussisse, il faut plus que de la technique : il faut de la pédagogie et de l’acceptabilité sociale. « L’économie circulaire reste floue pour le grand public. Pourtant, ces infrastructures sont essentielles », déplore-t-il.
Un équilibre délicat à atteindre
Dimitri Tsingakis, PDG de l’Association industrielle de l’Est de Montréal (AIEM), défend une approche pragmatique. « Développer une industrie durable, oui. Mais il faut rester compétitifs et éviter la délocalisation. » Il milite pour des solutions locales fondées sur la performance énergétique et rejette le terme « décarbonation » : « Le carbone n’est pas l’ennemi. L’important, c’est l’impact global. »
Une vision politique assumée
Pour la Ville de Montréal, représentée par Marie-Andrée Mauger, l’Est est un territoire stratégique. Elle ambitionne d’en faire un pôle d’économie verte et circulaire, tout en développant des infrastructures collectives adaptées. « Ce chantier est colossal, mais nous avançons. Même quand certains projets sont complexes, comme Ray-Mont ou Sanimax, nous cherchons le dialogue et des solutions de compromis », affirme-t-elle.
L’objectif global de la Ville est clair : réduire les GES de 55 % d’ici 2030 et atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Cela passe nécessairement par l’implication des grands émetteurs.
Une étude stratégique en cours
Lancée officiellement au sommet, l’étude stratégique pilotée par la CCEM bénéficiera d’un financement de 250 000 $ provenant des gouvernements provincial et fédéral. Les résultats sont attendus début 2026. Pour Jean-Denis Charest, président de la CCEM, cette démarche est essentielle :
> « Le développement économique de l’est passe par une planification ambitieuse de la transition industrielle. Montréal a tout pour devenir un modèle. »