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Automatisation et IA, quels impacts sur l’emploi à Montréal ?

Études & AnalysesAutomatisation et IA, quels impacts sur l'emploi à Montréal ?

Le spectre et la promesse de la machine

L’automatisation et l’intelligence artificielle (IA) ne sont plus des concepts de science-fiction, mais des forces vives qui transforment activement le marché du travail. Si elles promettent des gains de productivité et de nouvelles opportunités, elles soulèvent aussi des craintes légitimes quant à l’avenir de certains emplois. Montréal, pôle reconnu en IA, n’échappe pas à ces mutations profondes. Une analyse récente, basée sur les travaux de l’Institut du Québec (IDQ) et les données du recensement, permet de dresser un portrait de la vulnérabilité de la population active montréalaise face à ces technologies. Qui sont les travailleurs les plus exposés ? Quels secteurs sont les plus touchés ? Et Montréal se distingue-t-elle du reste du Québec ? Montréal Minute décrypte les enjeux.

Méthodologie : Identifier les emplois vulnérables

Pour évaluer l’impact potentiel de l’automatisation (incluant la robotisation et l’IA), l’analyse s’appuie sur une méthodologie rigoureuse développée initialement par Frey et Osborne et adaptée par l’IDQ pour le contexte québécois. L’approche identifie d’abord les professions ayant une probabilité d’automatisation supérieure à 70 % dans un avenir prévisible. Ensuite, parmi celles-ci, elle retient les professions pour lesquelles une « transition acceptable » vers un nouvel emploi moins à risque serait difficile, selon les critères de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Une transition est jugée « acceptable » par l’OCDE si elle requiert au maximum six mois de formation, implique une augmentation modeste des compétences en littératie et numératie, présente des similarités de compétences, partage au moins un domaine d’étude, n’entraîne pas une réduction de salaire supérieure à 10 %, et limite la surqualification. En appliquant ces critères, 96 professions ont été identifiées comme étant particulièrement vulnérables à l’automatisation et à l’IA au Québec, une liste qui sert de base à l’analyse spécifique pour Montréal.

Montréal face à l’automatisation : Moins exposée, mais des défis ciblés

Les données du recensement de 2021 révèlent une situation contrastée pour Montréal. Globalement, la métropole semble légèrement moins exposée que l’ensemble de la province : 16 % de la population active montréalaise est considérée comme vulnérable à l’automatisation, contre 19 % pour le Québec. Cela représente environ 167 600 personnes à Montréal, soit 20 % de la population vulnérable totale du Québec, une proportion inférieure au poids démographique de Montréal dans la population active québécoise (24 %).

Cette moindre vulnérabilité globale pourrait s’expliquer par la structure économique de Montréal, potentiellement plus orientée vers des services à haute valeur ajoutée et des emplois exigeant des compétences cognitives complexes, moins facilement automatisables. Cependant, ce chiffre global masque des disparités importantes selon les secteurs d’activité.

Les secteurs en première ligne : Vente, services et administration

L’analyse par grande catégorie professionnelle montre une concentration marquée de la vulnérabilité dans certains domaines. À Montréal, plus des deux tiers (68 %) de la population active vulnérable travaillent dans les catégories « Vente et services » et « Affaires, finance et administration ». Ces deux catégories regroupent à elles seules près de 112 000 travailleurs jugés vulnérables.

La catégorie « Vente et services » est celle qui compte le plus grand nombre de personnes actives vulnérables (environ 63 300), suivie par « Affaires, finance et administration » (environ 48 700). Si l’on ajoute la catégorie « Fabrication et services d’utilité publique » (environ 24 600 personnes vulnérables), ces trois grands domaines concentrent 82 % de la main-d’œuvre montréalaise jugée vulnérable à l’automatisation.

En termes de proportion au sein de chaque catégorie, les plus touchées à Montréal sont « Fabrication et services d’utilité publique » (58,7 % de la main-d’œuvre de cette catégorie est vulnérable) et, de manière surprenante, « Ressources naturelles, agriculture et production connexe » (61,5 %, bien que ce secteur soit numériquement faible à Montréal). Les catégories « Vente et services » (24,5 %) et « Affaires, finance et administration » (26,4 %) affichent également des taux de vulnérabilité significatifs, supérieurs à la moyenne montréalaise.

Femmes et jeunes : Une vulnérabilité accrue

L’analyse révèle également que l’impact de l’automatisation n’est pas neutre en termes de genre et d’âge.

Les femmes, qui représentent 48 % de la population active montréalaise, occupent 53 % des emplois jugés vulnérables. Cette surreprésentation est particulièrement marquée dans les catégories « Affaires, finance et administration » (+13 % par rapport à leur poids dans la catégorie) et « Vente et services » (+8 %). Cela suggère que les emplois administratifs, de secrétariat ou de service à la clientèle, souvent occupés par des femmes, sont particulièrement exposés aux transformations technologiques.

Les jeunes de 15 à 24 ans sont également surreprésentés parmi les travailleurs vulnérables. Alors qu’ils constituent 12 % de la population active, ils représentent 24 % de la population active vulnérable face à l’automatisation. Leur surreprésentation est flagrante dans la catégorie « Vente et services » (+18 % par rapport à leur poids dans la catégorie), un secteur qui emploie traditionnellement beaucoup de jeunes pour des postes de premier échelon (caissiers, vendeurs, serveurs), souvent caractérisés par des tâches répétitives et donc plus facilement automatisables. Une surreprésentation est aussi notée dans le secteur de la santé (+13 %), possiblement dans des rôles de soutien.

Anticiper et accompagner la transition

L’analyse de l’impact potentiel de l’automatisation et de l’IA sur le marché du travail montréalais dresse un portrait nuancé. Si la métropole semble globalement moins vulnérable que l’ensemble du Québec, une part non négligeable de sa main-d’œuvre (16 %, soit près de 170 000 personnes) occupe des professions où la transition vers de nouveaux rôles pourrait s’avérer difficile. La concentration de cette vulnérabilité dans les secteurs de la vente, des services et de l’administration, ainsi que la surreprésentation des femmes et des jeunes, appellent une attention particulière.

Ces constats soulignent l’importance cruciale d’anticiper ces transformations et de mettre en place des stratégies proactives. Cela inclut des investissements massifs dans la formation continue et la requalification professionnelle, un soutien ciblé pour les travailleurs des secteurs et des groupes démographiques les plus touchés, et une réflexion sur l’adaptation de nos systèmes d’éducation et de protection sociale. Il est essentiel de maintenir une vigie constante sur l’évolution technologique et ses impacts concrets sur l’emploi, afin d’accompagner au mieux la transition et de s’assurer que les bénéfices de l’automatisation et de l’IA soient partagés équitablement, sans laisser pour compte les travailleurs les plus vulnérables.

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