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Enquête : Le vacarme urbain – La pollution sonore gangrène les quartiers centraux de Montréal

Enquêtes & ReportagesEnquête : Le vacarme urbain - La pollution sonore gangrène les quartiers centraux de Montréal

Quand la ville devient assourdissante

Klaxons intempestifs, vrombissements de moteurs, marteaux-piqueurs dès l’aube, musique s’échappant des bars tard dans la nuit… Pour les résidents des quartiers centraux de Montréal, le bruit est une composante quasi constante du quotidien. Si l’animation urbaine a son charme, l’excès de décibels, lui, est loin d’être anodin. La pollution sonore, souvent insidieuse, s’est installée comme une nuisance majeure, affectant la qualité de vie et, plus grave encore, la santé de milliers de Montréalais. Enquête sur ce vacarme qui ronge la métropole.

Un cocktail de bruits aux sources multiples

Dans les zones denses comme le Plateau-Mont-Royal, Ville-Marie, le Sud-Ouest ou Rosemont–La Petite-Patrie, les sources de bruit s’additionnent et se superposent. La circulation routière est souvent pointée du doigt comme le principal coupable : le trafic intense, les accélérations brusques, les véhicules modifiés et les deux-roues bruyants créent un fond sonore élevé et constant. À cela s’ajoutent les innombrables chantiers de construction et de réfection des infrastructures, générant des bruits d’impact et de machinerie particulièrement dérangeants, souvent sur de longues périodes.

Les activités commerciales et de loisirs contribuent également au brouhaha : terrasses animées, systèmes de ventilation et de climatisation, livraisons matinales, événements extérieurs… Même les aéroports, bien que plus éloignés, ont un impact via les corridors aériens. La Direction régionale de santé publique de Montréal le confirme : un grand nombre de Montréalais sont exposés à des niveaux de bruit élevés, dépassant souvent les seuils recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Des impacts sous-estimés sur la santé physique et mentale

Au-delà de la simple gêne, l’exposition chronique au bruit environnemental a des conséquences sanitaires sérieuses et documentées. La Santé publique de Montréal et l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) alertent sur ces risques. Les effets les plus connus sont auditifs : perte d’audition prématurée, acouphènes. Mais les impacts extra-auditifs sont tout aussi préoccupants : troubles du sommeil, augmentation du stress et de l’anxiété, problèmes cardiovasculaires (hypertension, infarctus), difficultés de concentration et d’apprentissage chez les enfants.

« Je dors mal depuis que le chantier a commencé en face de chez moi il y a six mois », témoigne Léa, résidente du Plateau. « Je suis constamment fatiguée, irritable. Le bruit est devenu une obsession. » Des études montrent que le bruit nocturne, même à des niveaux modérés, perturbe les cycles de sommeil et peut avoir des effets délétères à long terme. La « rumeur urbaine », ce bruit de fond constant dans les quartiers centraux, même sans source identifiable précise, peut atteindre des niveaux suffisants pour affecter la santé.

La réglementation : un cadre existant, une application complexe

Face à cette problématique, des règlements existent. La Ville de Montréal et ses arrondissements disposent de cadres réglementaires visant à limiter les nuisances sonores. Le Règlement sur le bruit de la Ville de Montréal, appliqué par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), encadre notamment les bruits de voisinage (fêtes, musique forte) et ceux provenant de certains équipements. Des limites horaires sont imposées pour les travaux de construction.

Cependant, l’application de ces règlements sur le terrain s’avère complexe. Comment mesurer objectivement une nuisance ? Comment identifier précisément la source dans un environnement bruyant ? Le SPVM invite les citoyens à signaler les abus, mais reconnaît les difficultés d’intervention, surtout pour les bruits intermittents ou diffus. Certains arrondissements, comme le Plateau-Mont-Royal, tentent de renforcer leur propre réglementation, prévoyant par exemple un nouveau règlement sur le bruit en 2025, mais se heurtent à la difficulté de prouver les infractions sans mesures sonométriques professionnelles.

Quelles solutions pour retrouver le calme ?

La lutte contre la pollution sonore nécessite une approche multi-facettes. La réduction du bruit à la source est primordiale : promotion des véhicules moins bruyants, meilleur encadrement des chantiers (horaires, technologies moins sonores), isolation phonique des bâtiments (comme le suggère un guide du MSSS), optimisation des plans de circulation pour fluidifier le trafic et réduire les accélérations/freinages.

L’aménagement urbain joue aussi un rôle clé : intégration de zones calmes, développement des espaces verts qui absorbent le bruit, utilisation de revêtements routiers moins bruyants. La sensibilisation des citoyens et des entreprises aux impacts du bruit est également essentielle.

Des objectifs ambitieux, comme celui de « zéro pollution sonore » évoqué lors de la consultation Réflexion 2050 de l’OCPM, montrent une prise de conscience croissante, mais le chemin pour y parvenir semble encore long et semé d’embûches.

Un enjeu de santé publique et de qualité de vie

La pollution sonore dans les quartiers centraux de Montréal n’est pas une fatalité, mais un problème environnemental et de santé publique majeur qui exige une attention soutenue. Si la vie urbaine implique une certaine dose de bruit, les niveaux actuels dépassent trop souvent les limites de l’acceptable et du supportable pour de nombreux résidents. Retrouver une certaine quiétude en ville passe par une combinaison de mesures réglementaires plus strictes, d’innovations techniques, d’aménagements réfléchis et d’une volonté collective de considérer le silence, ou du moins le calme, comme un bien précieux à préserver.

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