Un rapport accablant de la coroner Géhane Kamel met en lumière les failles systémiques qui ont mené à la mort tragique de la fillette de Granby, âgée de seulement 7 ans. Selon l’enquête, plusieurs signaux d’alarme avaient été ignorés par des institutions travaillant en « silo », incapables de protéger l’enfant malgré la gravité des signalements.
Entre 2012 et 2019, les services policiers sont intervenus à 24 reprises au domicile familial. L’école avait également noté de nombreux signes de négligence : absences de repas, confidences troublantes sur des punitions violentes et comportements révélateurs de grande détresse. Pourtant, au moins quatre signalements à la DPJ n’ont pas été retenus, malgré des allégations d’abus physique, de mauvais traitements psychologiques et de négligence éducative.
La coroner déplore qu’en mai 2018, un jugement ait confirmé la garde de l’enfant à son père, et ce malgré des antécédents de violence conjugale et de maltraitance directe. Une décision qui, selon elle, laisse une question cruciale en suspens : « Pourquoi n’a-t-on pas confié l’enfant à un tiers? »
Dans son rapport, Me Kamel critique également la brièveté d’une entrevue policière de seulement 8 minutes, jugée insuffisante pour sécuriser une enfant en contexte d’abus. Elle souligne que l’environnement policier, perçu comme intimidant, n’était pas adapté pour obtenir la confiance d’une fillette déjà sous emprise.
Au terme de son analyse, la coroner formule 12 recommandations destinées à divers ministères et organismes. Elle insiste sur la nécessité de renforcer les ressources en première ligne et de mettre fin au travail en vase clos entre institutions. Pour elle, ce drame ne résulte pas d’une seule défaillance de la DPJ, mais bien d’un système global qui a manqué à son devoir de protection.
« Chacun œuvrait dans son propre silo, oubliant malheureusement l’essentiel : l’enfant », conclut-elle.