MONTRÉAL – L’Université du Québec à Montréal (UQAM) lance une initiative exemplaire en matière de développement durable : la revalorisation de centaines de chaises scolaires en fin de vie. Plutôt que d’alimenter les sites d’enfouissement, ces sièges connaissent une renaissance grâce à un projet innovant mené par l’École de design.
Une collaboration université-industrie au service de l’environnement
Les professeurs Maurice Cloutier et Guillaume Sasseville, épaulés par l’assistant de recherche David Sauvé et l’équipe du Laboratoire Design + Proximité, ont élaboré une solution alliant esthétique contemporaine et responsabilité écologique. Le projet transforme les chaises en plastique omniprésentes dans les salles de cours en mobilier design aux lignes épurées.
La démarche conserve les structures métalliques existantes tout en remplaçant les assises et dossiers en plastique par du contreplaqué moulé. Cette approche génère une nouvelle identité visuelle : silhouette élégante, courbes harmonieuses et texture boisée qui rehaussent les espaces pédagogiques.
Un impact environnemental significatif
Chaque année, entre 150 et 200 chaises subissent des bris, principalement au niveau des composantes en plastique. Cette initiative leur offre une seconde vie et contribue substantiellement aux objectifs de réduction de l’empreinte écologique institutionnelle.
Selon des recherches menées à l’École de technologie supérieure, le reconditionnement de mobilier permet de réduire la consommation de matières premières et la production de déchets. Les études démontrent que même avec un taux de circularité modeste de 6 à 7%, des bénéfices environnementaux sont observés sur sept indicateurs d’impact : changements climatiques, utilisation de ressources fossiles et nucléaires, biodiversité, consommation d’eau et ressources minérales.
Un modèle reproductible à l’échelle du Québec
Avec près de 10 000 chaises réparties dans 300 salles de cours, le potentiel de revalorisation s’avère considérable. « En mettant en réseau d’autres établissements d’enseignement, nous pourrions créer un gisement de mobilier à revaloriser à l’échelle du Québec, multipliant les retombées environnementales et économiques », explique le professeur Cloutier.
Une entente-cadre de production de trois ans a été conclue avec les entreprises William Millénaire Inc. et Canadel. Ce partenariat illustre le savoir-faire partagé entre recherche universitaire et entreprises locales, un modèle d’économie sociale démontré efficace par les initiatives montréalaises.
De la théorie à la pratique
Une série-prototype de 70 chaises a déjà été fabriquée et déployée dans trois salles de l’UQAM, confirmant la viabilité technique et l’impact positif de cette approche. Un volet commercialisation est envisagé pour offrir ces chaises rénovées à d’autres institutions confrontées aux mêmes besoins de remplacement.
« L’objectif principal de notre démarche est de proposer une version actualisée de la chaise qui soit représentative du contexte culturel actuel », précise le professeur Cloutier, soulignant que les bénéfices dépassent la simple dimension environnementale.
Une mobilisation collective
Ce projet a pu voir le jour grâce à l’engagement de nombreux services de l’UQAM : Service de la planification et des projets immobiliers, Service des immeubles, Services financiers et de l’approvisionnement, Service des partenariats et du soutien à l’innovation, ainsi que le Fonds vert.
L’initiative s’inscrit dans une tendance plus large de l’économie circulaire au Québec, où les entreprises d’économie sociale jouent un rôle croissant dans la transition socio-écologique. Cette approche démontre qu’une autre façon de concevoir et de produire est possible, alliant performance économique et impact social positif.
