Loi 2 : une refonte du système qui fait débat
Depuis l’adoption sous bâillon de la loi 2 par le gouvernement de la CAQ, les réactions sont nombreuses dans le milieu médical québécois. Cette réforme modifie profondément le modèle de rémunération des médecins, liant dorénavant une partie du salaire à l’atteinte de cibles de performance définies par le ministère de la Santé. Les premiers rendez-vous, autrefois mieux rémunérés, sont désormais nivelés, et jusqu’à 10% du salaire dépendra de la capacité des équipes à atteindre ces objectifs collectifs.
Des conséquences lourdes pour les spécialistes ?
Selon plusieurs associations médicales, certains spécialistes risquent de voir leurs revenus chuter jusqu’à 40%. La suppression des “primes” accordées lors des premiers rendez-vous, pourtant réputés plus complexes, réduit l’incitatif à accepter de nouveaux patients. Les médecins s’inquiètent aussi d’un gel salarial virtuel jusqu’en 2028 et des pénalités substantielles prévues en cas de contestation concertée de la loi – des sanctions pouvant grimper jusqu’à 20 000$ par jour pour un praticien récalcitrant.
Une pression accrue sur le réseau
Le gouvernement justifie ces mesures par la volonté de rendre le système de santé plus efficace et d’améliorer l’accès aux soins. Pourtant, beaucoup de médecins dénoncent une méconnaissance de la réalité de leur métier et redoutent un effet pervers : diminution de la motivation, départs à la retraite précipités et, surtout, un risque d’exode vers d’autres provinces, particulièrement l’Ontario. Déjà, une soixantaine de médecins auraient effectué ou initié leur transfert, selon le Collège des médecins de l’Ontario.
L’avis des patients et des organisations citoyennes
Si les regroupements d’usagers saluent l’intention d’augmenter la prise en charge des patients vulnérables, ils reconnaissent toutefois que les effets positifs ne seront pas immédiats. Le Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU) espère que cette réforme aboutira à une meilleure accessibilité, notamment pour les rendez-vous en dehors des heures normales.
Conclusion
Cette réforme historique marque un tournant dans la relation entre l’État québécois et la profession médicale. Son efficacité réelle ne pourra être mesurée qu’à long terme, mais d’ores et déjà, elle cristallise les tensions et alimente un dialogue difficile autour de l’avenir du système de santé.v
