Un projet d’envergure sous haute tension
L’agrandissement du site d’enfouissement Dépôt Rive-Nord, géré par EBI à Saint-Thomas, Lanaudière, soulève une vive controverse. Destiné à accueillir près de 20% des déchets issus de la Communauté urbaine de Montréal, le projet vise une parcelle agricole protégée de 87 hectares, faisant naître des inquiétudes pour l’avenir de ces terres cultivables et des écosystèmes associés, notamment la tourbière de Lanoraie située à proximité.
Refus des autorités agricoles et environnementales
La Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) a fermement rejeté l’exclusion de cette terre fertile du zonage protégé. Selon son rapport, une alternative existe : un terrain industriel appartenant déjà à EBI, dans une MRC voisine, dont l’utilisation réduirait l’impact sur l’agriculture locale.
De son côté, le gouvernement du Québec attend l’étude d’impact environnemental, mais cinq ministères ont déjà exprimé leurs préoccupations : perte de terres cultivables, destruction d’habitats boisés et humides, risques pour des espèces vulnérables, et nuisance pour les résidents voisins.
Contestation et enjeux financiers
La MRC de Joliette, appuyée par sa directrice générale, Nancy Fortier, conteste la décision devant le Tribunal administratif du Québec. Pour la MRC, les bénéfices économiques doivent revenir à ses citoyens, alors que le projet s’accompagne d’ententes financières de plus de deux millions de dollars versés par EBI jusqu’en 2057. La crainte d’avantages captés par une MRC voisine alimente l’opposition locale.
Position et arguments de l’entreprise
EBI reste déterminée à mener l’agrandissement sur le terrain agricole, estimant le site « tout désigné » pour poursuivre sa mission. Selon Nicolas Perrino, directeur des affaires juridiques, des solutions sont à l’étude pour répondre aux exigences environnementales, mais la nécessité d’étendre le site reste, car sa saturation est prévue dès 2032.
Conclusion : un dossier au cœur du débat public
La gestion des déchets du Grand Montréal devient un enjeu stratégique complexe. La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui pourrait trancher par décret. La décision finale devra concilier impératifs économiques, protection du territoire agricole et exigences environnementales, alors que plusieurs voix demandent une transition vers des solutions plus durables de traitement des matières résiduelles.
